Des photos du supplice de Charles Massi seraient en circulation à Bangui, où Abel Denamganai et sa clique jubilent.

Des photos du supplice de Charles Massi seraient en circulation à Bangui, où Abel Denamganai et sa clique jubilent.

Il semble difficile de ne pas s’inquiéter du virage sanguinaire, voire même de cette barbarie à visage humain du régime de François Bozizé depuis l’annonce par sa famille du décès de Charles Massi des suites de tortures.


Le putschiste François Bozizé
Le putschiste François Bozizé
Nous avons appris aujourd’hui d’une source proche de Bozizé que Charles Massi aurait subi le même sort que le Colonel Christoph Grèlombé à l’époque à la seule différence que sa dépouille aurait été incinérée. Ce qui revient à dire qu’il sera difficile, voire même impossible de retrouver son corps. 

Charles Massi aurait fini comme l’opposant tchadien Ibni Omar Mahamat Saleh. Mais pour le cas Massi, le lieutenant tortionnaire de la garde présidentielle Abel Dénamganai, a été formellement identifié et aura un jour ou un autre à répondre de ses actes devant les juridictions compétentes. 

Il est par ailleurs indiqué qu’enhardis par leur exploit criminel, le lieutenant Abel Denamganai et sa bande d’assassin, feraient même circuler à Bangui un CD-Rom contenant des photos du supplice qu’ils auraient fait subir à Charles Massi. 

François Bozizé ne se souvient-il pas qu’il ait bénéficié d’un procès équitable après sa mise hors d’état de nuire par le général Kolingba ? 

Que faut-il faire pour demander des comptes aux assassins et surtout au général de commanditaire ? 

Retour sur les circonstances ayant précédés ce crime odieux qui n’honore pas la République centrafricaine ! 

Le 19 décembre dernier à quelques 30 kilomètres de la localité tchadienne de Mbaïboukoum en compagnie d’un ancien colonel de l’armée tchadienne, Djibrine Dagbachen et ses hommes et d’un dénommé Ali, Charles Massi a été arrêté aux environs de 17 heures locales par des gendarmes tchadiens et certains éléments de l’ANS (Agence nationale de sécurité), le service de renseignement de Deby. 

Ils ont ensuite été conduits, selon les propres dires de l’ex colonel tchadien que nous avons réussi à joindre dans sa cellule de la gendarmerie de N’Djamena (lieu dit galaxie), à la gendarmerie de Doha où ils ont été entendu sur procès verbal et sont restés, eux, tchadiens, quatre jours surplace en détention. Toujours selon cet ex colonel qui décrit des conditions épouvantables de détention notamment le fait qu’il serait actuellement enchaîné dans sa cellule avec tous ses hommes, Massi a reçu la visite du préfet de Doha qui l’a conduit chez lui. 

C’est à partir de cette date que Charles Massi n’a plus donné signe de vie. 

Or, le 9 janvier dernier, l’épouse de Charles Massi avait fait état d’information officieuse évoquant son arrestation et son incarcération à Bossembélé. 

Le lendemain, c’est-à-dire le 10 janvier, une source militaire citée par l’Agence France Presse, avait affirmé que Charles Massi était en détention à Bangui. Cette même source avait évoqué que lors du transfert de Charles Massi à Bangui entre le 1er et le 2 janvier, l’un de ses hommes aurait été exécuté pour « refus d’obtempérer aux consignes ». 

Le même jour, un ministre centrafricain a affirmé à L’Indépendant sous le couvert de l’anonymat que Charles Massi serait bel et bien en sol centrafricain. Ce ministre est encore en vie et se souvient de notre conversation du 10 janvier dernier. 

Quatre jours plus tard, le 14 janvier, l’épouse de Charles Massi qui a effectué le déplacement de Bangui pour faire toute la lumière sur le sort de son mari a été arrêté manu-militari par des soldats disant avoir reçu l’ordre de « l’autorité suprême » sic, pour procéder à son expulsion vers la France. Il se trouve que Denise Massi est une centrafricaine. Elle est née en Centrafrique et est mariée avec un Centrafricain. 

À-t-on le droit d’expulser un individu de son propre pays ? 

Cette expulsion de Denise Massi traduit mal l’embarras et le manque de courage de Bozizé et sa bande à supporter non seulement sa présence mais aussi le regard d’une mère de famille, doublée d’une épouse sans nouvelle d’un être cher. 

Le 16 janvier, en désespoir de cause et la mort dans l’âme, se fondant sur des informations fournies par certaines sources crédibles, les proches de Charles Massi se sont résolus à annoncer la triste nouvelle afin de prendre à témoin, l’opinion nationale et internationale. 

Aujourd’hui, le manque de courage de Bozizé et sa clique pour reconnaître leur forfait ou à défaut donner une preuve de vie à la famille, est insupportable, leur silence inadmissible. 

Trois démarches nous semblent indispensable pour répondre à l’inacceptable mutisme de Bozizé et sa clique : 

Primo, informer la famille philosophique et ésotérique de Charles Massi et suscité une réaction de leur part. Car Charles Massi et Bozizé appartiennent tous à cette famille : ils sont des frères de lumières ! 

Secundo, continuer le battage médiatique pour alerter l’opinion publique sur la vraie nature des barbares qui dirigent la République centrafricaine. Ce combat n’est pas seulement celui de la famille Massi mais de toutes personnes choquées par ce crime, à commencer par la classe politique centrafricaine. 

Et enfin, saisir les juridictions internationales compétentes pour demander la mise en place d’une commission d’enquête internationale pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame. 

Mardi 19 Janvier 2010
L'Indépendant
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