AFFAIRE MASSI: LA DEFENSE NATIONALE N’A PAS CONVAINCU

Depuis la disparition prolongée du Colonel Charles Massi, leader de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), l’inquiétude de sa famille, des uns et des autres a été fortement relayée par les médias tant nationaux qu’internationaux. 

Le gouvernement, souvent pointé du doigt, s’était enfermé dans un silence qui pouvait en dire long sur le sort de Charles Massi. 

Le jeudi, 21 janvier 201, contre toute attente, au lieu d’une réaction du gouvernement de la République, c’est le Ministère de la Défense Nationale, des Anciens Combattants, des Victimes de Guerre, des Désarmement et de la Restructuration de l’Armée qui publie un communiqué en guise de démenti formel. 

La Défense tente désespérément d’enfoncer le clou 
Pour beaucoup d’observateurs politiques que des défenseurs et promoteurs des droits de l’homme, ce communiqué-démenti de la Défense Nationale est resté évasif et n’a pas apporté de réponses véritables aux préoccupations de l’opinion sur le sort de M. Charles Massi. La réaction du ministère de la Défense Nationale s’est contentée de relater le parcours sinueux et rocambolesque du leader de la CPJP, depuis qu’il a quitté la République centrafricaine en 208 au lieu de 2007, après avoir été limogé du gouvernement. En effet, après les élections de 2005, M. Charles Massi, du FODEM, qui avait signé un accord avec le président François Bozizé entre les deux tours de l’élection présidentielle, était entré au gouvernement Doté, tout comme Jean Paul Ngoupandé. En janvier 2008, sur la suite du premier gouvernement de M. Faustin Archange Touadéra, le nom de M. Charles Massi n’y figurait pas. 

Le leader du FODEM d’alors fit des pieds et des mains pour prendre la place laissée vacante par M. Gaston Mackouzangba au Comité Préparatoire du Dialogue Politique Inclusif. Ces démarches ont été vaines et Charles Massi pensait qu’il était victime d’une sorte de brimade, lui qui était allié du pouvoir. 
Le leader du Forum Démocratique pour la Modernité quittait Bangui et c’était donc pour Charles Massi le début d’une aventure. Le Communiqué de la Défense Nationale a relaté toutes les péripéties de la versatilité de M. Charles Massi jusqu’à son apparition à la tête de la Convention des Patriotes pour la justice et la Pais (CPJP). En conclusion de son démenti, la Défense nationale, parlant au nom du gouvernement, s’est interrogée sur les motivations réelles de la campagne médiatique ourdie par le gouvernement et de conclure : ‘‘Les auteurs de cette campagne savent mieux que quiconque où se trouverait Charles Massi à l’heure qu’il est et à quel type d’activité se livrerait le leader de la CPJP aux frontières poreuses qui constituent des zones à risque où sévissent des mercenaires et malfaiteurs de tout acabit’’. 

Des déclarations contradictoires 
Pour les autorités centrafricaines par ce Communiqué-démenti, que d’aucuns ont trouvé imprécis et confus, Charles Massi n’a jamais été remis aux autorités centrafricaines après son arrestation à la frontière tchado-centrafricaine le 20 décembre 2009. Et pourtant, tout au début de l’arrestation du leader de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix, une personnalité tchadienne, harcelée, avait déclaré que M. Charles Massi avait été livré aux autorités centrafricaines avant de se rétracter pour fondre dans l’ambiance générale des réactions qui prétendent que Charles Massi n’est pas au Tchad, mais plutôt au Cameroun où il a été conduit. Les autorités camerounaises, ne voulant pas endosser une telle responsabilité qui éclabousserait leur image sur le plan international, ont formellement rejeté cette thèse qu’elles ont considérée comme fantaisiste. C’est vrai que Charles Massi, après sa chevauchée rocambolesque derrière une moto, a été arrêté par les autorités tchadiennes et enfermé à Ndjaména. Il a été libéré le 8 Mai 2009 avec des instructions fermes de trouver un pays d’accueil, car le Tchad, selon le ministre de l’intérieur, le juge indésirable. Charles Massi avait-il entre-temps été remis au HCR ? Cette parenthèse n’avait jamais été évoquée. 

Véritable imbroglio aux réactions diverses 
Le Communiqué du Ministère de la Défense Nationale ne fait même pas allusion à la dernière arrestation de M. Charles Massi à Ngaoundaye et les différentes tractations qui ont suivi. Le silence étant trop lourd, la famille de Charles Massi, notamment son épouse Denise, qui connaît très bien la République Centrafricaine, a débarqué à Bangui par le vol d’Afrikhiya du mercredi 13 janvier 2010. 
Alors que la Centrafricanité de Mme Denise Massi ne fait l’ombre d’aucun doute, elle a été arrêtée à son domicile au pied de la Colline et remise dans l’avion du jeudi 14 janvier 2010. 

Cette pratique, qui masque un certain gène, a été très mal interprétée par la famille Massi et FODEM France. Contre toute attente, Mme Denise Massi accuse et donne des indications sur les circonstances supposées ou réelles de l’assassinat de son mari. La dénonciation tombe très mal, car, en plein sommet de la CEMAC, qui réunit à Bangui les six Chefs d’Etat de l’organisation. Mme Massi demande aux autorités centrafricaines de lui apporter la preuve du contraire. FODEM-France enfonce le clou et demande la mise en place d’une Commission d’enquête internationale neutre à propos de la disparition mystérieuse de Charles Massi. La nouvelle fait tâche d’huile et prend l’effet domino. La Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP), le mouvement de Charles Massi, exige la vérité, toute la vérité sur la disparition d son leader. L’opposition démocratique, au cours d’une de ses rencontres, fait le même constat de la disparition de Charles Massi et de l’envoi des informations sur son assassinat. L’opposition démocratique exige la lumière sur cet épisode triste d’un homme politique qui aurait dû répondu de ces actes, selon les normes en vigueur dans un Etat de Droit. Pour le Réseau des organisations de promotion et de défense des Droits de l’Homme, les informations contradictoires ne permettent pas encore à ce regroupement de se prononcer. Néanmoins, les organisations chargées de la promotion et de la Défense des Droits de l’Homme mènent leurs propres investigations pour parvenir à la manifestation de la vérité. Cette manifestation de la vérité est également recherchée par le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme et à la bonne gouvernance dans son Communiqué du 22 janvier 2010. La situation confuse actuelle ne satisfait personne et tout le monde s’attendait à une réaction du gouvernement tendant à la mise en place d’une Commission d’enquête ou à l’acceptation d’une commission d’enquête internationale. De ce côté-là, le Communiqué démenti du Ministère de la Défense ne dit mot, se contentant tout simplement de faire croire que Charles Massi serait en vie et dans la nature. Les réactions des uns et des autres à propos de l’affaire Massi n’ont fait que ressortir le bout de l’iceberg. 

Mais au fond, la réaction de la Défense Nationale a suscité beaucoup plus d’interrogations qu’elle n’en a résolues. Il y a encore du chemin à parcourir et peut-être qu’on ne saura jamais la vérité. 
Mais, en attendant, Charles Massi a disparu sans laisser d’adresse.

Mardi 26 Janvier 2010
Dinawade Mokambo Junior


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