Malgré ses dénégations, l’étau de la justice se resserre contre le président centrafricain dans l’affaire Charles Massi.

Publié le par Charles MASSI

Malgré ses dénégations, l’étau de la justice se resserre contre le président centrafricain dans l’affaire Charles Massi.

Incroyable mais vrai. François Bozizé a-t-il conscience des responsabilités qui sont les siennes, de la nature même de ses fonctions au regard de ses affirmations malencontreuses et de leur gravité ? Rien n’est moins sûr. La main sur le cœur, le verbe véhément, un tantinet agacé, il s’est livré ce week-end à une agression en règle de sa victime Charles Massi, dont on est sans nouvelles depuis le 18 décembre dernier.


Le Général-Président François Bozizé
Le Général-Président François Bozizé
Ayant reconnu, même implicitement et cyniquement le décès de Charles Massi des suites de tortures, « aujourd'hui, les organisations des droits de l'homme réagissent parce que Massi a été tué. Mais quand 15 de nos soldats ont été tués par des rebelles de Massi, où étaient les droits de l'homme », François Bozizé endosse désormais fort bien la responsabilité de ce crime odieux. 

En ce plaçant en première ligne, même s’il n’a pas l’air de s’en rendre compte, le président centrafricain se trouve maintenant dans la situation inconfortable de l’accusé et aura forcément quelques réponses à fournir à la justice internationale sur le sort de son ancien ministre d’État. 

Mais bien avant la justice internationale, l’Afrique centrale, à commencer par le président Denis Sassou N’Guesso du Congo qui a pris la présidence en exercice de la CÉMAC, doit demander et obtenir de Bozizé, des explications claires sur les supplices de Charles Massi et exiger que la dépouille de ce dernier soit rendue à sa famille. Il y va de la crédibilité de la sous-région. 

Quelle que soit la méthode choisie, le temps où sa soldatesque massacrait impunément la populace centrafricaine est révolue. Cette vérité devrait pourtant lui apparaître avec une clarté aveuglante, lorsque la CPI (cour pénale internationale) a lancé un mandat d’arrêt international contre le président soudanais Omar El Béchir. 

Pour avoir oublié cette nouvelle règle pourtant essentielle de la vie en société et s’être cru intouchable pendant un moment, François Bozizé ne peut pour l’heure espérer sortir indemnes du piège qu’il s’est tendu lui-même. Le simple fait qu’il ait été interpellé par ses pairs sur le sort de son ancien frère de lumière durant le huis clos des chefs d’États de l’Union africaine, en dit long sur la suite qui sera réservée à cette affaire. 

On ne peut plus allégrement fouler aux pieds les principes élémentaires des droits fondamentaux humains. Les assassinats politiques, comme stratégie de conservation du pouvoir et mode de règlement des différends politiques, n’ont plus droit de cité en ce millénaire. Si Bozizé ne l’a pas encore compris, rappelons-le que son maître à penser Bokassa 1er dont il accomplissait les basses besognes n’est plus. Ses pratiques aussi devraient l’être. 

L’étau se resserre donc doucement mais surement sur le président centrafricain et ses sbires. Il a beau s’agacer, donner des leçons de rébellion (milieu où l’on se parle à coup de Kalachnikov) sic, pour avoir une posture d’accusateur, il lui faudrait dorénavant préparer sa défense en s’offrant le service des meilleurs pénalistes mondiaux. Car seul Dieu sait combien de preuves accablantes s’accumulent à son dossier déjà pendant devant les juridictions pénales internationales. 

Mardi 2 Février 2010
Adrien Poussou


Publié dans Informations Presse

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